Jeudi 13 Janvier au soir, La Règle du Jeu lançait via twitter un appel à la blogosphère visant à soutenir de manière effective la Révolution de Jasmin. :

« Hackers de tous les pays, unissez-vous. Soutenez les Anonymous. Piratez, bloquez, les sites officiels de la Tunisie de Ben Ali. BHL »

Depuis, le désormais ex-Président Ben Ali a fui son pays. Il y a eu ces derniers jours, ces dernières heures en Tunisie, une formidable accélération de l’Histoire. De ces moments rares dans la vie des peuples et des nations où la volonté populaire triomphe de la dictature et des archaïsmes. Sans doute peut-on attribuer une partie du succès de cette mobilisation à l’outil Internet. C’est bien via Twitter, Facebook et divers sites et blogs que la jeunesse tunisienne s’est échangée des informations vitales à la contestation. Ces échanges ont eu lieu malgré la censure qui verrouillait les messageries et empêchait l’accès à certains sites. La Règle du Jeu a été victime de cette censure. Tandis que son site était accessible en Tunisie, nos pages chroniquant, expliquant la révolte étaient soigneusement rendues inaccessibles. Le procédé est machiavélique : de cette façon le pouvoir en place donnait à son peuple l’impression qu’en Europe personne ne le soutenait et que des sites comme le nôtre restaient sourds à son appel. Cela était faux, bien évidemment !

Forte de ce constat et bien consciente qu’il est des circonstances (soutien aux porteurs de valise pendant la guerre d’Algérie; manifestes des « salopes » clamant, il y a bien longtesmps, avoir bravé la loi en se faisant avorter) où l’illégalité devient une nécessité, La Règle du Jeu a lancé un appel au piratage des sites officiels tunisiens.

Expliquons-nous. Puisque la dictature muselait les organes de presse et empêchait la libre expression, eh bien La Règle du Jeu a souhaité relayer l’action des hackers du monde entier exerçant ce que l’on pourrait appeler un droit de représailles démocratiques. L’Histoire nous a donné raison. Ce sont bien les institutions d’un pouvoir illégitime et désormais renversé qu’il fallait attaquer. C’est bien la presse, alors aux ordres, qu’il fallait mettre devant ses responsabilités. Cela aura constitué, en plus des articles mis en ligne sur le site, notre contribution à la Révolution de Jasmin.

7 Commentaires

  1. Deux poids deux mesures :quel contraste entre la violence des déclarations des politiques (et également des analyses de la majorité des médias) contre l’Iran au printemps 2009, lors des élections présidentielles, et la douceur et la complaisance des déclarations de ces mêmes politiques, à propos de Ben Ali and Co avant la fuite du tyran, lors de la « Révolution de Jasmin ».
    HORCHANI Salah

  2. Cette « Révolution de Jasmin », Populaire et Civique, nous en avons rêvé, quand nous étions jeunes, et ce sont les jeunes qui l’ont faite !
    HORCHANI Salah

  3. Ma Tunisie, tu es le premier pays arabe à…

    Ma Tunisie, Tu es le premier pays arabe à abolir l’esclavage (1847)

    Premier pays arabe à adopter une Constitution (1861)

    Premier pays arabe à interdire la polygamie (1956)

    Premier pays arabe à légaliser l’IVG (1973)

    Premier pays arabe à faire une Révolution Démocratique (2011)

    Et, j’en suis sûr, tu seras, sans aucun doute,
    Le premier pays arabe à abolir la peine de mort

    HORCHANI Salah
    Professeur à la Faculté des Sciences de Tunis

  4. Monsieur Bernard-Henri Lévy, le Maghreb n’est-il pas le pays de vos ancêtres ? Alors, pourquoi ne feriez-vous pas un petit article de soutien à notre« Révolution de Jasmin » ?

    HORCHANI Salah
    Professeur à la Faculté des Sciences de Tunis

  5. La laïcité c’est l’acceptation de toutes les religions et le refus d’être gouverné par aucune d’entre elles.

    C’est une exigence pour les progressistes des pays du proche et moyen orient que d’avancer dans le sens de la laïcisation de leur société.

    Le XXI ème siècle des Lumières en terre d’islam…

  6. Comme c’était prévu dans la constitution, le président du Parlement tunisien, Fouad Mebazaa a finalement été proclamé président par intérim par le Conseil constitutionnel, écartant ainsi la possibilité d’un retour à la tête de l’Etat de Ben Ali.
    Cependant, une partie de la police de Ben Ali et des militants du RCD transformés en milice font toujours régner la terreur en s’attaquant aux citoyens, alors que les actuels intérimaires n’entendent même pas les écarter du futur gouvernement provisoire ! Meurtres, pillages et viols sont signalés dans plusieurs villes. Les miliciens en civils, pourchassent les citoyens, incendient les infrastructures, pillent les biens privés. L’appareil policier qui entoure Ben Ali a décidé de se maintenir au pouvoir coûte que coûte. Impliqués pendant des années dans une politique répressive (enlèvements, tortures, racket en tous genre), ils savent que si le régime change, la population leur demandera des comptes. Alors, c’est par de multiples tentatives de déstabilisation du pays qu’ils spéculent sur le retour d’une autre dictature ou même, de celle de Ben Ali.
    Face à eux, le peuple tunisien s’organise en comités de quartiers pour surveiller et prévenir toute exaction, mais il demeure désarmé et n’a souvent, comme ultime recours, que de faire appel à l’armée ou bien …à la police ! Hors, malgré quelques fraternisations locales, à la base, pendant les événements, le commandement de l’armée de l’ex-dictateur (qui en était justement l’émanation) ne s’est évidemment jamais déclaré acquis à la cause révolutionnaire. Quand à l’haïssable police de l’ancien régime…

    Par ailleurs, les intégristes religieux regagnent le pays, en l’occurrence, leur leader, Ennhadha, envisage son retour d’exil Londonien, espérant ainsi profiter de l’instabilité actuelle ou même, ce qui me semble plus improbable, qu’un jour, sur le modèle algérien, les intégristes réussissent à sortir vainqueurs d’élections à venir.

    Pendant ces deux mois qui précèderont l’organisation d’élections libres, les tenants de l’ancien régime, embusqués, n’auront de cesse de menacer la Révolution pacifique du Jasmin et d’empêcher son essor démocratique.

    Mais je suis certain que la vaillance démocratique avérée et avisée du peuple tunisien saura, tout autant qu’elle l’a mis à bas, triompher des soubresauts de l’ancien régime moribond !

  7. Bien nécessaire cet article concernant la Révolution de Jasmin Sans quoi, je naurais rien compris à l’apparent mutisme conjoncturel de la Règle du Jeu. Pire, je me demandais si elle ne devenait pas infréquentable. Pauvre sceptique que je fus, comment ai-je pu douter ? Merci !