Lire l’article de David Gakunzi auquel cette lettre répond

Cher David,
La démocratie, le suffrage universel, ne sont pas des chiffons de papier. Et ce sont même les meilleurs moyens de sortir d’une situation de guerre civile, ouverte ou larvée, comme celle, justement, qu’a connu la Côte d’Ivoire depuis dix ans. Démocratie et suffrage universel que vient de bafouer le perdant, Gbagbo. Guerre civile que le même Gbagbo agite comme une menace, et qui, pour mieux l’accréditer, n’a pas hésité à, déjà, faire tuer des centaines de civils.
Je ne doute pas que tu connaisses comme moi les accords de Munich en 1938 entre la France et la Grande Bretagne d’une part, et Hitler et Mussolini d’autre part. La France et la Grande Bretagne, devant les menaces de guerre brandies par Hitler, lui accordèrent, au nom de la sauvegarde de la paix, l’occupation de la Bohème-Moravie en Tchécoslovaquie. Pour « préserver la paix », les démocraties occidentales sacrifièrent leur malheureuse alliée, la Tchécoslovaquie. Winston Churchill, lucide, déclara de façon prémonitoire : « Vous avez choisi le déshonneur pour éviter la guerre. Vous aurez et le déshonneur et la guerre. » Un an plus tard, Hitler, ayant entre-temps avalé la Tchécoslovaquie toute entière, menaçait puis envahissait la Pologne, et les mêmes démocraties qui lui avaient tout cédé quand il était encore temps de l’arrêter furent bien obligées, à contre-cœur, de lui déclarer la guerre. On sait où ce comportement capitulard devant le chantage à la violence et la guerre nous a conduit : à la guerre mondiale, et à la défaite de la France en 1940. La paix à tout prix débouche sur une catastrophe pire, elle encourage les dictateurs, les aventuriers politiques à aller jusqu’au bout de leur entreprise totalitaire ou terroriste.
Ton attitude, mon cher David, face à un trublion, battu au suffrage universel, qui agite le spectre de la guerre civile et qui en administre déjà des « preuves sanglantes », est une attitude munichoise : céder au chantage à la violence, abdiquer les principes de la démocratie. C’est exactement ce qu’espèrent les partisans de Gagbo. Objectivement, tu te ranges dans leur camp, tu fais leur jeu malgré toi. Il faut arrêter Gbagbo quand il est encore temps, par des moyens politiques et pacifiques si possible, et sinon par la force, avant, précisément, qu’il ne déclenche la guerre civile, bien plus terrible, que tu redoutes.
Quant aux milices des Jeunes Patriotes, leurs menaces et leurs appels aux meurtres, cela ne te rappelle-t-il pas les milices hutues d’avant le Génocide au Rwanda ?
Je te fais mes amitiés.

Lire la réponse de David Gakunzi « Côte d’Ivoire : Pourquoi je suis contre la guerre »

3 Commentaires

  1. Je suis malheureusement complètement d’accord avec vous, il faut déloger le forcené Gbagbo avant que la poudrière ethnique ne s’enflamme.

  2. en tout cas alassane ouattra a ete elu par les voies democratiques tandis que laurent gbagbo s’est autoproclamé president de la cote d’ivoire comme la fait bokassa au centre afrique,,alors si gbagbo n’est pas un dictateur avec ça! j’aimerai savoir ce qu’est un vrai dictateur

  3. le rebelle, le tyran, c’est alassane ouattara qui, lui, mérite le TPI; il a fait trop de mal au pays d’houphouet ! Il doit rentrer en france et foutre la paix aux ivoiriens.