“C’est avec beaucoup de chagrin que nous informons nos compatriotes du décès du prince Ali-Reza Pahlavi”, nous a appris hier Reza Pahlavi, fils aîné du Shah d’Iran et ancien prince héritier de la couronne, dans un communiqué diffusé sur son site internet.

“Comme des millions de jeunes Iraniens, il était profondément perturbé par tous les maux frappant sa chère patrie, portant aussi le fardeau de la perte d’un père et d’une soeur au cours de sa jeune vie”, ajoute Reza Pahlavi.

“Bien qu’il ait lutté pendant des années pour surmonter son chagrin, il a finalement succombé, et au cours de la nuit du 4 janvier 2011, dans sa résidence de Boston, il s’est donné la mort, plongeant sa famille et ses amis dans une grande tristesse”.

Selon les premiers éléments de l’enquête, la police a annoncé avoir retrouvé mardi vers deux heures du matin dans les quartiers sud de la ville de Boston, le corps d’un homme décédé par un tir d’arme à feu qu’il aurait retourné contre lui-même.

Le fils cadet du Shah, Ali-Reza Pahlavi, est né à Téhéran en 1966. Après avoir quitté l’Iran à l’âge de 13 ans, il a entamé son exil à New-York, au Caire, et dans le Massachusetts. Tandis que son frère aîné se consacrait à son rôle politique d’héritier du trône, Ali-Reza Pahlavi s’est lui réfugié dans les études. Ainsi, après avoir étudié la musique à la prestigieuse université de Princeton, il a suivi des cours d’Iran antique à l’université Columbia, puis à Harvard.

Mais en juin 2001, Leila Pahlavi, la plus jeune fille du Shah d’Iran et de l’impératrice Farah Diba, est retrouvée morte à son domicile de Londres à l’âge de 31 ans, après avoir pris un mélange de médicaments et de cocaïne, selon des résultats d’autopsie. “Éxilée à l’âge de neuf ans, elle n’a jamais surmonté la mort de son père (…) dont elle était particulièrement proche”, écrivait à l’époque sa mère dans un communiqué. “Elle n’a jamais pu oublier l’injustice et les conditions dramatiques de notre départ d’Iran et l’errance qui a suivi. Dès lors, ce suicide fait sombrer Ali-Reza dans la dépression.

Celle-ci « a empiré avec le temps- son départ d’Iran, sa vie en exil, la mort de son père, puis celle de sa soeur dont il était très proche », explique Nazie Eftekhari, qui travaille avec le bureau de Reza Pahlavi à Washington et demeure un proche ami de la famille. « Ces morts lui ont porté un énorme coup », raconte-t-elle.

Voici donc l’ultime drame d’une famille royale dont le déclin est à la hauteur de sa gloire passée. D’accord, celui-ci est révolu, et était tout autant une dictature que l’Iran des Mollahs, mais nul être humain ne doit être condamné à vivre loin de sa patrie. Car cette tragique situation demeure également le symbole de toute une génération d’activiste politiques, amoureux de leur pays, contraints à quitter leur terre pour ne pas finir exécutés, et qui depuis vagabondent, parfois en compagnie de leurs enfants, à l’étranger, sans repères, assistant, impuissants, à la déchéance de leur pays, attendant en vain de pouvoir un jour y retourner.

D’ailleurs, les commentaires qui affluent depuis sur les réseaux sociaux en dessous de la triste nouvelle ne laissent pas planer le doute quant à cette douloureuse réalité. Comme celui-ci, signé hier soir par une jeune Iranienne en bas de mon Facebook: « nous sommes tous trop seul 🙁 «