La décision n’était pas simple à prendre. Depuis que la Cour suprême du Brésil a donné, fin 2009, un avis favorable à l’extradition vers l’Italie de Cesare Battisti, le monde avait les yeux braqués sur le président brésilien, Luiz Inacio Lula da Silva, à qui appartenait l’ultime décision dans cette affaire.

Le président Lula a tenu à trancher après avoir examiné le rapport du procureur général – qui aurait rejeté l’extradition. Il se devait, quoi qu’il en soit, de rendre sa décision publique avant la passation de pouvoir, ce samedi 1er janvier, à Dilma Rousseff.

Lula a notamment suivi l’avis du ministre de la Justice, Tarso Genro, qui, déjà en activité à l’époque de l’arrestation de Battisti, avait déclaré en 2007, après une visite de Bernard-Henri Lévy, que l’activiste italien faisait « l’objet d’une persécution.»

Cesare Battisti, 55 ans, avait été condamné par contumace en Italie à trente ans de prison pour des actes terroristes commis dans les années 1970. Actes dont l’écrivain s’est toujours dit innocent. Des failles dans le dossier d’accusation avaient été mises à jour et rendaient cette affaire trouble, propice surtout aux passions, avec ce qu’elles peuvent véhiculer d’irrationnel et d’aveuglement.

De nombreux intellectuels, répondant à l’appel lancé par Fred Vargas et Bernard-Henri Lévy, avaient sensibilisé l’opinion sur la nécessité d’un traitement équitable (rendu impossible par le fait que l’Italie ne prévoit pas de deuxième procès pour les condamnés par contumace.

En France, l’écrivain italien avait, jusqu’à la montée du sarkozysme qui précipita sa décision de s’exiler au Brésil où il fut arrêté en janvier 2007, bénéficié de l’asile politique et du soutien de nombre de personnalités, dont le patron du Modem, François Bayrou.

Comme on l’imagine, le président brésilien a dû faire face à une grande pression de la part de l’Italie. Le quotidien Il giornale, propriété de la famille de Silvio Berlusconi, titrait hier « Battisti restera libre de tuer la justice ». Le ministre italien de la Défense, Ignazio La Russa a déclaré au Corriere della Sera, ce jeudi 30 décembre, qu’un « non à l’extradition » de Battisti « ne sera pas sans conséquence », allant même jusqu’à évoquer l’hypothèse d’un boycott envers le Brésil. Les amis de Battisti, eux, accusent Ignazio La Russa, qui a fait partie de l’Alliance nationale d’extrême droite avant de rejoindre le gouvernement de Berlusconi, de conspirer contre sa vie. Des craintes qui, hélas, pourraient etre justifiées. Le président Lula a confié dernièrement au site Globo News qu’il craignait que Battisti ne coure « un risque réel de mort s’il retournait en Italie ».
Maria de França

A propos de l’affaire Battisti:

10 Commentaires

  1. Cesare Battisti a été condamné par la justice indépendante d’un pays démocratique, qui a abrogé la peine de mort 40 ans avant la France.
    Il a tué deux policiers. Il est complice de l’assassinat de deux commerçants. A cause de lui, un gamin de 15 ans (à l’époque) est cloué à vie sur un fauteuil roulant.
    Vous devriez avoir HONTE de cracher sur la tombe de ces victimes innocentes en défendant – pour un pur « plaisir intellectuel » de gauchiste caviar – un tel criminel.

  2. Mais même pendant la période fasciste, même parmi les anti-fascistes, même parmi les victimes du fascisme même, comme aujourd’hui même pas parmi les amis de Battisti, y compris les membres de sa propre famille, y compris ceux qui ont partiellement justifiée, il n’y a jamais été en Italie du respect pour les féroces et les stupides.
    Vous voulez vraiment protéger ce membre éminent de la lutte armée du prolétariat?
    Personne ici était déterminé à le tuer ou de le faire souffrir avec une férocité stupide.

    La férocité et l’imbécillité des italiens.

  3. On n’a pas montré en France la même « distance historique » ni la même « compréhension » avec les membres d’Action Directe, par exemple. Idem en RFA avec la Faction Armée Rouge. Qu’aurait-on dit en France si l’Italie avait refusé d’extrader une personne condamnée par ses tribunaux ?

  4. La regle du jeu !! Il est ironique que vous défendez une meurtrière, qui a été condamné par un tribunal de la république italienne. Le sang des victimes réclame justice. Défendre Battisti n’est pas démocratique.

  5. Non comprendo l’accanimento di certi intelettuali franciesi verso l’italia volto a voler screditare il sistema democratico e giudiziario italiano.

    Per vostra informazione qui di seguito un estratto della lettera aperta di « Gilda Piersanti » a « Fred Vargas » disponibile sul web all’indirizzo: http://www.lema.net/dyn/IMG/_article_PDF/article_671.pdf

    « …Vous n’avez donc aucun besoin de rappeler à vos lecteurs que Cesare Battisti a été condamné à la prison à vie par trois cours ordinaires se réclamant d’une juridiction ordinaire (avec critères normaux d’évaluation de la
    preuve), ni qu’en France les procès pour terrorisme sont jugés par une cour spéciale, composée uniquement de juges en robe, en l’absence de jury populaire.
    ….
    Vous avez dû estimer aussi qu’il était inutile de faire allusion au long iter judiciaire des trois procès (la cour d’assise, la cour d’appel d’assise, puis de nouveau l’assise) dont a fait l’objet Cesare Battisti, de même qu’il vous a semblé superflu de citer son recours en Cassation avant le dernier procès en assise qui, le 31 mars 1993, a prononcé l’arrêt de sa condamnation définitive à la prison à vie.
    …..A quoi bon rappeler ces trois procès puisque Battisti a été jugé par contumace ? Même si la contumace fut la conséquence de son évasion spectaculaire, armes à la main, le 4 octobre 1981, de la prison de Frosinone, où un commando des COLP (Communistes organisés pour la libération prolétaire)
    …..A quoi bon leur rappeler aussi la différence avec le procès par contumace français, qui, se tenant en l’absence des avocats de la défense, explique qu’ici l’inculpé soit de nouveau jugé ? Peu importe. Les trois procès de Cesare Battisti, reconnu coupable de quatre meurtres par trois cours différentes, même s’ils se sont déroulés en la présence de sa défense (et une défense excellente puisqu’elle a su faire tous les recours prévus par la loi)

  6. Bravo Lula, pour ne pas avoir laissé un anti-fasciste historique et combattant, un écrivain d de talent, tomber entre les griffes de la mafia fasciste qui tient le pouvoir en Italie en la personne du requin libidineux que tout le monde connaît et considère, à sa mesure.

    • La règle du jeu…

      séjournant actuellement au Brésil, ce que l’on y constacte, la veritable opinion du peuple, c’est que le President
      Lula se vaut de la mensonge continuelle instruite pour le cerveau officiel appellé Zé Dirceu, de mentalité Gramciste, le Himmler brésilien, pour bien cacher à l’étranger ce que se passe vraiment dans le pays.
      En tant que juive, je suis totalement discriminée dans les bureaux publiques dominés complètement pour des éléments qu’appartienent au PT, parti apparatchik de la dictature que gouverne ce pauvre peuple brésilien…
      Les personnes, les plus instruites ici, que sont rares, considèrent l’italien comme une bête assassine à service
      de la Mafia pseudo-comuniste d’Italie, protegé pour des autres, instalés au governement brésilien.

  7. Je ne comprends pas  » la règle du jeu ».
    Vous défendez un homme qui a été reconnu coupable de meurtre par la justice italienne, justice libre me semble t’il.
    Et pas un mot sur Khodorkovski qui a l’inverse est innocent et paye cher le fait d’avoir été riche, intelligent, juif, courageux et dangereux politiquement pour Vladimir Poutine, accusé honteusement par une justice russe ridicule et aux ordres du kremlin.
    Si on ne peux plus compter sur les derniers esprits libres pour défendre les libertés, alors deux mille onze sera une année sombre comme le bronze.