Ainsi donc et, avouons-le, sans réelle surprise, les Mid-Term Elections ont vu le triomphe du parti républicain. L’élection ayant été largement commentée en France, nous ne reviendrons pas, dans le détail, sur les résultats purement factuels du scrutin. L’intérêt réside désormais dans l’analyse et la projection. Quid des Etats-Unis ? Quid d’Obama ? La récente tribune pleine de bon sens de Bernard-Henri Lévy nous donne des pistes ; ne brûlons pas aujourd’hui ce que nous adorions hier ! Le Président des Etats-Unis est aujourd’hui perdant mais en aucun cas déméritant, c’est évident ! Son bilan à mi-mandat est déjà intéressant et d’aucuns outre-Atlantique, le magazine Rolling Stone en-tête, disent déjà qu’il est l’un des meilleurs présidents que l’Amérique ait connu. Si l’idée est discutable, on saisit l’idée : Obama s’il ne profite plus de son état de grâce reste tout de même populaire.

Si traditionnellement les Mid-Term Elections sont perçues comme un referendum sur l’action du Président, cette fois, les choses sont un peu différentes. Obama n’a pas été inactif, il paie surtout pour le contexte économique actuel. La crise, elle, touche indifféremment droites et gauches au pouvoir dans tous les pays développés. Lors de ces dernières élections, Obama a donc payé les effets immédiats d’une crise économique dont il n’est pas responsable mais qu’il tente pourtant de limiter. À ce titre, le plan de relance qu’il a ordonné semble judicieux. Reste que l’Amérique n’en sentira seulement les effets qu’à moyen ou long terme. Au mieux cela arrivera à la fin du (premier) mandat Obama (à l’échelle politicienne, une éternité !) Au pire les effets se feront sentir lorsqu’il aura été battu et Obama ne pourra tirer aucune gloire de son plan d’action : ce sera alors la partie aux affaires qui en tirera les bénéfices ! Le drame du Président américain est donc celui de la perception du temps : logiques économiques et discours politiques n’évoluent ni sur les mêmes échelles, ni à la même vitesse. Cela, Obama et toute son administration le savaient. Hope, Change, Progress étaient de magnifiques slogans mais reposaient sur des promesses parfois abstraites. Reproche lui est aujourd’hui fait d’avoir abandonné son idéalisme et ce brin de naïveté, « qualités » qui faisaient d’Obama-candidat autre chose qu’un « insider ». La réalité est infiniment plus complexe. Une fois aux affaires, les lieutenants du Président composent avec le réel et usent de tous les moyens pour arriver (rapidement) à leurs (nobles) fins. Ce fut notamment le cas pour le projet d’extension du Health Care, une priorité qui selon Obama excuse bien les compromis politiciens.

À tort, la défaite du camp démocrate a été vécue par la presse française comme un cataclysme. À court terme nous explique-t-on, ce qui attend Obama et ses alliés, c’est évidemment le blocage des institutions et l’obligation de composer avec l’adversaire. Certes ! Mais rappelons d’abord qu’une défaite fut-elle cuisante aux Mid-Terms n’est pas forcément synonyme d’échec futur aux présidentielles… Bill Clinton, dans une situation très semblable avait su redresser la barre. Mieux, Obama, s’il est fin politicien, pourrait tirer parti de cette déconvenue. Car avec un appareil législatif bloqué, les torts politiques sont désormais partagés. Si l’on tarde à sortir de la crise, si à l’issue du mandat d’Obama les américains ne sont pas pleinement satisfaits par Washington, ce ne sera plus de la seule faute des démocrates. À partir d’aujourd’hui, majorité et opposition sont liées et il ne sera plus possible aux républicains de s’afficher en rupture totale avec le pouvoir. Dans le futur, cette nouvelle donne politique aura des conséquences. Si l’on se projette en 2012, date de la prochaine élection présidentielle, plusieurs scenarii sont d’ores et déjà envisageables. L’un d’entre eux mérite spécialement que l’on s’y attarde. À New York comme dans The Atlantic ou sur CNN, les analystes parlent de la carte à jouer qui est celle de Jeb Bush. Jeb Bush, frère de George W. Bush… On vante son sens politique, sa réussite dans les affaires et ses succès électoraux (Jeb Bush fut deux fois élu gouverneur de l’Etat de Floride). La marque Bush faisant son effet sur l’électorat conservateur, les analystes relèvent très justement qu’il serait à même de tenir en laisse les excités du Tea Party à qui il saurait donner des gages. Et il y a mieux : Rudy Giuliani vieillissant, Sarah Palin jugée trop peu fiable pour supporter le poids d’une investiture, Mitt Romney un peu tendre pour un républicain sur la question de l’avortement, Jeb Bush paraît avoir un boulevard devant lui pour s’imposer à droite. Reste à savoir si l’homme à cette ambition…

Dans l’hypothèse où Jeb saurait obtenir l’investiture républicaine, on aurait alors droit à un fabuleux débat d’idées en 2012. Conservateurs contre progressistes, républicains contre démocrates, deux visions de l’Amérique qui s’opposent. Une chose est sûre, Jeb le challenger donnerait plus de fil à retordre que le John McCain-maverick-fatigué de la convention de Minneapolis. Le plus jeune Bush en politique possède enfin un atout majeur: il sait parler aux minorités. Il a ainsi su, en son temps floridien, capter l’électorat latino-américain, immense force dans le Sunshine State et désormais véritable enjeu national dans une Amérique qui s’hispanise à grand train.

A Barack Obama et aux challengers démocrates de manœuvrer au mieux car chez les Bush on sait se faire élire !

4 Commentaires

  1. no matter any natyional who is a leader,most important is makes the country to be calm and steady.

  2. Au bas mot… Obama

    Ou « le discours » en lieu et place de la puissance car, si en politique tout est dans l’exécution, chez Obama, tout est dans la parole.

    Président désincarné, Président virtuel ; pour un peu… Président de l’au-delà…

    A cet Obama, difficile de ne pas lui attribuer une place, une seule : une chaire d’église, ou plus simplement une estrade, celle d’un temple, en prêcheur d’un avenir fantomatique à l’exécution toujours remise à plus tard …