Il n’est pas si facile, aujourd’hui, de ne pas aimer Sofia Coppola. Et ne pas apprécier un film aussi directement, aussi impérativement aimable que l’est Lost in Translation, c’est tout de même bien dommage.

Or Yannick Rolandeau, dans son livre récent La mise en scène au cinéma, explique clairement, catégoriquement, pourquoi, comment, il ne goûte pas la manière de cette demoiselle.

Certes, il faut bien que certains gardent, précieusement, la position du franc-tireur, la position la plus difficile à tenir, car la plus exposée.

Assurément, être franc-tireur ne revient pas à tout haïr, tout mépriser, à se trouver contempteur du moderne, pire, du contemporain.

Et Yannick Rolandeau explique avec beaucoup de justesse pourquoi, oui, il y a bien des films qu’il admire, comme Eyes Wide Shut, le dernier Kubrick, dont il propose un commentaire impeccable.

Car là est le maître-mot: ce qui compte dans son propos, dans son travail, et dans son ouvrage, ce n’est pas, au fond, ce qui lui plaît et ce qui lui déplaît, ce qui l’enchante et ce qu’il abhorre.

Non, ce qui importe bien plus que tout cela, c’est sa manière de procéder: au temps de la mort de la critique cinématographique, ou du moins de sa déchéance, Yannick Rolandeau opère une véritable « analyse » des morceaux qu’il évoque. Avec détails, il reprend les outils de la critique littéraire et de la théorie, ceux de Milan Kundera, auquel il se réfère souvent, ceux de la réflexion sur le roman, pour mieux penser l’art de l’image.

S’attardant sur des plans dont il détaille et démonte l’élaboration, présentant des éléments de réflexion historique, théorique, mais aussi nourrissant son livre d’exemples, il propose au lecteur douteux des méthodes choisies par le critique rien moins qu’une plongée dans les mécanismes, les arcanes de la glose.

Le livre de Yannick Rolandeau — on adhérera, ou pas, à ses jugements sur des films qui ont marqué leur époque, et doivent aussi être lus comme tels — constitue un merveilleux modèle de déconstruction, une sorte de manuel pour tout critique en herbe, manuel auquel ne manque pas même la participation d’un Moi présent, exigeant, vivace.

Un commentaire

  1. L’analyse et la critique d’une oeuvre ne sert à rien. On en a perdu du temps à l’école avec ça. Chacun peut appréhender un livre, un film etc selon sa propre sensibilité.
    Ce sont contre les agissements de certains hommes (nombreux) qu’il faut utiliser notre énergie. Tout d’abord contre les barbares des pays totalitaires et puis contre les barbares de nos pays, qui assèchent les entreprises, détériores notre qualité de vie sans que personne ou presque ne lutte contre. Par ex, l’europe est une catastrophe pour le bonheur de l’individu, tellement elle veut calculer notre vie