Rien qu’un mot “witch”, “sorcière”, est en train de suffire à faire le buzz dans la campagne électorale américaine de mid-term : de mi-mandat du président Obama, pour le renouvellement des deux assemblées législatives sur la colline du Capitole, la Chambre des Représentants et le Sénat.

Il est prononcé dès la première phrase, « I am not a witch », du clip télévisé électoral de Christine O’Donnell, candidate républicaine extrémiste à l’élection comme sénatrice le 2 novembre dans le minuscule Etat du Delaware, sur l’Atlantique, tout près de la capitale fédérale Washington. Regardons et dégustons le phénomène de près, écœurés et ravis : il en vaut la peine.

Nous allons voir pourquoi et comment à l’époque des ordinateurs et de l’internet tout se re-trouve soudain à nouveau concentré, transcendé, propulsé par ce mot-clé pour l’histoire et la mentalité américaines, “witch”, qui fut en 1692 celui de l’exécution de “sorcières” par le fanatisme protestant froidement hystérique des pionniers, à Salem, dans l’Etat du Massachussets, tout près du Delaware dont il va être question ici. En 1953, une grande pièce de théâtre, The Crucible, redonne à voir cette scène originaire de l’histoire des Etats-Unis, ce sacrifice humain collectif, ce meurtre qui vaudrait fondation, en l’assimilant à la persécution des intellos par le maccarthysme ; l’auteur en est Arthur Miller, cela lui vaut la reconnaissance de l’intello Marilyn Monroe, qui l’épouse. Immense succès mondial. Marcel Aymé traduit la pièce en français, sous le titre les Sorcières de Salem, elles est interprétée par Yves Montand et Simone Signoret, Jean-Paul Sartre l’adapte pour le cinéma (1957).

C’est qu’en France cela rejoint la fameuse affaire des “possédées de Loudun” : qu’elles aient été manipulées par le cardinal-ministre Richelieu contre un ennemi personnel, le prêtre Urbain Grandier, ne change rien à la posture, à l’énergie, au ton revendicatif de “bonne foi” et de “mensonge sincère” de ces femmes. A leur ressemblance avec O’Donnell et Sarah Palin : on subodore de quels “cardinaux” celles-ci sont-elles aujourd’hui les marionnettes. Elles reprennent le cri du machisme : « Man up ! » et apparaissent comme des “hommelettes norvégiennes”, glaciales et brûlantes à la fois. Le côté Alaska de Sarah Palin et le nouveau look ultra-clean de O’ Donnell. La froideur de la pureté puritaine met le feu aux bûchers. Les hystériques d’extrême-droite qui pervertissent le sens du combat féministe en prétendant le représenter sont le champ de recherches de Liliane Kandel, héritière de Simone de Beauvoir et rédactrice aux Temps modernes, qui a intitulé un premier résultat Femmes, féminisme et nazisme.

Rien de plus effarant que la violence symbolique du clip électoral d’O’Donnell : une esthétique de la pureté ; l’esthétisation du puritanisme comme il y eut celle du fascisme. Mais il s’agit d’une opération concertée de changement d’image : des montages de documents d’archives présentés sur des plateaux de télévisions et assortis de commentaires incisifs remontrent (nous allons les regarder) la “même” O’Donnell tout à fait “autre”, il y a quinze ans, dix ans, et proférant avec véhémence d’hallucinantes âneries à la fois bouffonnes et criminelles contre les malades du sida, les vérités scientifiques, Darwin, la tolérance religieuse, les bases élémentaires de la Constitution américaine, etc, et assenant qu’il existerait en circulation sur le territoire des Etats-Unis des souris auxquelles on aurait greffé… des cerveaux humains. Je rappelle que cette personne est en ce moment la candidate désignée, élue, d’un des deux partis de gouvernement, à un des sièges au Sénat, une des deux chambres du pouvoir législatif dans la première puissance politique, économique et militaire de la planète. Ce pays fabuleux ferait établir ses lois par une créature médiatique artificielle absurde se disant persuadée que des chauve-souris à cerveaux humains vont monter ses escaliers et entrer chez elle par effraction, comme dans le sketch de Bigard, et dont j’hésite à dire que c’est elle qui a un cerveau de souris, ce ne serait pas gentil pour les souris ? Qu’on lui donne une tenue de Mickey Mouse : elle confond le Sénat et Disneyland (Di-senate-land).

Mais la révolte logique ne s’est pas fait attendre, de la part de cette majorité du bon sens qui partage le sens de l’humour et le refus de la frénésie, de l’intolérance, de l’hystérie. Des moyens inventifs sont en train de réussir à démasquer et ridiculiser la petite star du fanatisme d’extrême-droite, au point que l’on parle désormais d’un “désastre”, “disaster”, à propos de ce clip électoral qui a pourtant coûté si cher, qui est un joyau de technique calculée pour l’efficacité. Déjà il est proposé à l’étude et au décorticage dans les universités — nous allons le faire ici — comme un modèle de contre-productivité ; un cas d’école de la grave erreur en politique à prendre nettement les citoyens pour des demeurés, des imbéciles et des crétins (plus si affinités). Rien de plus réjouissant que la vigueur cinglante de ces répliques : de tous côtés, le buzz en éclair de foudre rassemblé et concentré sur la phrase « I am not a witch, I’m you » renverse le clip de O’Donnell en le détournant, en le parodiant, et par là en l’analysant — en le déconstruisant. L’effet de souffle est destructeur pour l’angélique menteuse, il est constructif pour la santé de la conscience citoyenne.

Tout le monde sait depuis Sun Tze et Clausewitz que la contre-attaque est supérieure à l’attaque lorsqu’elle fonctionne comme un boomerang. C’est ce qui est en train de se produire grâce aux parodies dont vous allez voir quelques exemples en vidéos, et grâce aux analyses auxquelles j’ajoute la mienne. Aux dépens de O’Donnell, et par-delà, de Sarah Palin et de l’infection épidémique populiste du “Tea Party” au nom trompeur, détourné, fallacieux, abusif. Déjà le stratège le plus aguerri dans cette zone de l’échiquier politique, le conseiller de W. Bush qui l’avait fait gagner, Karl Rove avec un “K”-sque à pointe, a tenu à se démarquer.

Devant les o’donnelleries de Palin (qui n’a pas attendu O’Donnell pour en sortir d’aussi graves), devant les palinodies d’O’Donnell (“palinodies” : changements de positions, rétractations), devant l’extravagance insultante de leur arrogance, devant leur culot monstre, on savoure les bonheurs d’expression et les poussées d’intelligence de ceux qui sans complexes leur résistent et peuvent les freiner, les endiguer, les bloquer, puis les réduire et regagner du terrain. Mais depuis l’Europe, on ne peut qu’éprouver devant ce corps à corps dont tant d’avenir dépend, de deux blocs électoraux qui se jettent l’un contre l’autre comme des sumotoris, une inquiétude passionnée et frustrée à proportion même d’une sorte de vertige : soit le rappel du titre American Vertigo de Bernard-Henri Lévy.

Quand votre enfant vous demandera : « Mais c’est quoi aujourd’hui, papa, le discours fasciste, au XXIème siècle ? », vous pourrez lui répondre : « Regarde le clip de la O’ Donnell en octobre 2010 ».

Le clan extrémiste républicain violemment anti-Obama avec Sarah Palin et Christine O’ Donnell comme figures de proue s’est emparé de façon abusive d’un nom qui se réfère à un moment de l’histoire commune à toute la République, à toute la nation : la “Tea Party”, un épisode prestigieux de la Révolution américaine de la fin du XVIIIème siècle. C’était l’époque des Lumières, de Benjamin Franklin, des Philosophes — donc ce nom est le contraire de ce que les sectateurs de O’ Donnell et de Palin professent en fanatiques crispés, en Ben Laden d’un pseudo-christianisme d’agression, d’exclusion et d’anti-évangélisme, en un mimétisme caricatural d’Ahmadinejad. A quoi bon s’en prendre à Ahmadinejad si c’est pour subir la O’ Donnell et la Palin, et si chaque fois que l’on s’en prend à Ahmadinejad, cela apporte de l’eau au moulin de leur escroquerie de “Tea Party” ? Palin et O’ Donnell, c’est l’irrationnalisme, l’obscurantisme, l’intégrisme, le fondamentalisme, le maccarthisme. Sous le prétexte menteur d’une lutte soi-disant prioritaire contre l’islam, tous les “autres” quels qu’ils soient deviennent dans leur discours des complices de l’islamisme, et comme tels rejetés pêle-mêle en vrac dans des ténèbres diaboliques. Le vrai trou noir, c’est eux : le black-out, la fermeture, la haine des Lumières — de tout ce qui a fondé les Etats-Unis en les constituant : ce qui est l’énergie, le cœur, l’esprit, la vie de leur Constitution.

Tout “buzz” me fait penser au quadruple caractère de la foudre, de l’éclair : ils rassemblent les énergies, ils les concentrent sur un point, ils détruisent, ils illuminent. Mais je constate encore plus le réalisme de cette métaphore dans le cas du buzz qui rassemble autour du clip « I am not a witch, I’m you » pour concentrer sur sa déconstruction ironique/parodique, pour inverser sa fascinante et fascisante noirceur en clarté démocratique. Pour briser sa mécanique d’effusion fusionnelle dans le principe du chef, dans le “Führerprinzip” nazi qui peut se dire exactement « I’m you ». C’est la revanche du XVIIIème siècle des Lumières contre ceux qui le bafouent en prétendant le récupérer : ma métaphore du buzz démocratique comme foudre s’incarne dans l’inventeur du paratonnerre, spécialiste à la fois de l’éclair et de l’Enlightment… Face à Christine O’ Donnell, votez Benjamin Franklin ! Le véritable Tea Party, c’est lui ! Contre elle !

Quand vous voyez le clip d’O’Donnell censé hisser comme un bijou, une fleur de haut prix, la quintessence de la “pensée” du fallacieux Tea Party, votre cerveau reptilien capte de plein fouet l’odeur puissante des quantités de milliards investies dans ce type de publicités, le parfum vous cogne à bloc dans les narines de cette drogue de dopage qu’est le fric électoral. A chaque fraction de seconde sur ce visage et sous cette voix, dans le shoot de cette perfection d’idolâtrie, dans ce braquage par le mensonge, l’hypnotisme et l’hypocrisie.

Un des tout premiers avantages de cette affaire, et il restera principal, est qu’elle suffit à démontrer la grandeur d’écoute et de vision de la psychanalyse, son excellence d’utilité. Elle illustre ce que les Français et Lacan ont traduit dans leur langue par “dénégation”, mot joli mais qui perd la sobre et forte description technique du mot Verneinung de Freud : le central “nein”, “non”, moteur entre “Ver-”, préfixe de l’inversion par torsion, et la boucle “-ung”, “le fait de”. Par exemple, lorsque quelqu’un se présente en disant «Je ne suis pas» ceci ou cela, vous pouvez être certain qu’il y a anguille sous roche ; à vous de soulever celle-ci pour attraper celle-là (attention, ça glisse et ça mord). On ne pourrait pas fournir une plus directe illustration de l’usage de cet outil, de ce concept opératoire majeur, que la phrase « I am not a witch ». Quel cadeau ! Thank you, Christine.

Que c’est beau et bien fabriqué ! Comme c’est ignoble et dégoûtant ! A quel point le make up, le grain de la peau, la coupe de cheveux, le rang de perles, et les dents comme un autre rang de perles en parallèle, et cette petite robe noir profond, et ce joli décolleté décent mais excitant, et cette frange à droite en savant dégradé, et cette mimique de l’effusion dans l’innocence pour créer l’empathie — comme tout est réussi ! Quelle merveille de filmage et de mise en page !

Qu’elle est mignonne ! Quelle voix suave ! Quel physique, quelle actrice ! Sans conteste, elle est superbe et elle joue bien : à la fois belle et bonne. Même “bonne” entre guillemets, pourquoi ne pas le dire. Mais quelle ordure et quelle crapule ! Sartre a élevé au niveau d’un concept l’usage du mot “salaud” en politique : la parité engage à l’employer au féminin. Voilà pourquoi il est possible de s’écrier en toute pondération philosophique, en regardant le clip et les séquences d’interventions de la O’Donnell : ça c’est de la salope ! De la vraie! De la salope sartrienne pur sucre ! Garantie sur facture, c’est le cas de le dire : les histoires de notes de frais et de cassettes personnelles que la O’Donnell a fait payer frauduleusement par de l’argent public ressortent en ce moment de tous les côtés, ça tourne au gag.

Voici la traduction en français du texte qu’elle récite dans son clip : « Je ne suis pas une sorcière. Je ne suis rien de ce que vous avez entendu dire. Je suis vous. Aucun de nous n’est parfait mais aucun de nous ne peut être heureux de ce que nous voyons autour de nous : des politiciens qui ne pensent qu’à trafiquer de leurs faveurs et à servir d’intermédiaires pour pouvoir rester en place. Je vais au Sénat à Washington pour faire ce que vous faites. Je suis Christine O’Donnell et j’approuve ce message. Je suis vous. »

Accrochez (ou décrochez) vos ceintures, voici la chose divine de la déesse, je veux dire iconique de la conne. Il est quand même ahurissant, scandaleux “quelque part”, qu’une pu(ri)tain(e) — il y a des mots qui en contiennent un autre — faisant campagne contre la masturbation, se mette sous le nez des mâles (certaines femelles ne sont pas en reste) de façon aussi appétissante :

Le clip de O’Donnell a voulu de toute évidence lui faire la tête de Blanche-Neige ; à tout moment on s’attend à voir arriver les sept nains. En effet en voici un, mais dans une des nombreuses parodies qui ont été aussitôt produites : cet incroyable si sympathique barbu à large face qui lui balance des horreurs avec une force tranquille de saine et rabelaisienne brutalité. Carrément jusqu’à «je ne suis pas une sorcière, je ne suis même pas une merde» (« a piece of shit »). Pour cette vidéo, comme pour toutes celles tellement instructives et passionnantes qui vont suivre, il est possible qu’un rectangle apparaisse au bas de l’image et la parasite : on peut le faire disparaître en cliquant sur le petit “x” à droite en haut de ce rectangle :

Tout autre physique que cet ours barbu, ce bearded bear, avec la vidéo parodique suivante, que je tiens pour un chef-d’œuvre : une très jolie femme spirituelle à l’accent américain musical, souple, agréable, pour un humour qui fait mouche, si bien ajusté que sa maîtrise l’emporte sur toute nuance de méchanceté. Le début est une belle exposition de la “dénégation” (Verneinung) et ensuite tout le sketch est filé sur le thème du double discours, de l’identité reniée et affichée en même temps : « Salut, je ne suis pas une sorcière, je suis vous, et tout comme vous je dois passer mon temps à nier que je sois une sorcière… Qu’est-ce que les électeurs de l’Etat du Delaware ont bien pu faire pour mériter que se présente à leurs suffrages une personne qui prétend d’emblée et en priorité ne pas être une sorcière ? Je suis le genre de candidate dont le Delaware a été privé depuis 1692 dans l’affaire des Sorcières de Salem, et c’est pourquoi si je suis élue au Sénat de ces humains que vous êtes, je promets d’y voler direct, euh…, je veux dire…, pas sur mon balai! En avion! Pour y faire ce que vous y feriez : pas de sortilèges et maléfices! D’ailleurs, si j’étais vraiment une sorcière, je me contenterais de vous coller un enchantement qui vous ferait oublier que j’en suis une ; ne croyez surtout pas que je ne le fais pas parce que je ne dispose pas des amulettes nécessaires en nombre suffisant. Je connais les problèmes auxquels fait face notre nation, parce que j’ai vécu au milieu de vous depuis le jour où je me suis transportée au Delaware à partir des noires forêts de Germanie, il y a presque trois mille ans… Alors, ce 2 novembre, votez pour Christine O’Donnell, parce que je ne suis pas une sorcière, et si j’en suis une, je ne crois pas que vous vouliez vraiment faire une croix sur moi » — jeu de mots sur le double sens : “crucifier” une sorcière, et “marquer la case d’une candidate sur un bulletin de vote”, c’est-à-dire voter pour elle. Je ne m’en lasse pas (l’excellente Kristen Wiig dans l »émission Saturday Night Live sur la chaîne NBC):

Et maintenant voici plusieurs documents “à charge” où l’on voit la O’Donnell d’avant la candidature au Sénat et le clip au rang de perles. Sur quatre points : elle a participé à des séances de sorcellerie ; elle croit qu’il existe des souris à cerveaux humains ; elle professe que Darwin lui-même ne croyait pas à l’Evolution ; elle fait campagne contre la masturbation dans une ambiance à deux doigts — si j’ose dire — de la partouze.

D’abord elle a vécu avec des gens qui s’adonnaient à des séances de messes noires avec des bols de sang, d’où la palinodie « I am not a witch » :

Elle “sait” que la brebis Dolly est déjà dépassée et que des scientifiques ont greffé des cerveaux humains sur des souris. Elle “sait” contre les savants. Elle “sait” qu’elle est soi-même le « sujet supposé savoir » (Lacan). Ces quelques secondes hideuses, nauséabondes sont une archive vivante sur l’ivresse d’irrationalisme : c’est le son de la voix de Jeanne d’Arc lorsqu’elle se jette sur la Sorbonne pour la brûler parce qu’on n’a pas besoin de livres, un seul suffit, celui de la religion ; quant aux autres, ou bien ils disent la même chose, et ils sont inutiles, ou bien ils disent autre chose, et ils sont diaboliques. Regardez et écoutez bien la Pucelle américaine d’aujourd’hui pour voir avec qui se commet Claude Allègre. Et lisez les deux livres du prix Nobel Georges Charpak : Devenez sorciers, devenez savants et Soyez savants, devenez prophètes (éditions Odile Jacob).

Et voici encore plus “too much” — on se pince, on n’y croit pas, on se dit qu’elle va arrêter, on se demande jusqu’où elle va aller — : elle “sait” que Darwin lui-même “savait” que « l’évolution darwinienne est un mythe » :

Quant à la vidéo suivante, écartez les enfants de l’écran, il est évident que cette campagne contre la masturbation est un prétexte grossier pour des réunions d’échangistes, ce pasteur protestant exhibe une pilosité trop prometteuse pour rester inemployée, toutes ces greluches qui parlent de « chasteté » ont l’air de vous conseiller une posture de plus, « god» dans leur bouche s’entend comme le début d’un autre mot, et personne ne croira que ces canapés ne servent qu’à s’asseoir :

Avant d’aborder le volet “chinois” de mon propos, une révision rapide du dossier, à travers ce collage habile et didactique qui entrelarde le clip d’octobre 2010 des plus célèbres prestations de la sorcellesouris à cerveau humain, la célèbre spécialiste de Darwin et Onan:

Nous passons aux trois vidéos qui me permettent de souligner dans cette campagne électorale américaine et en lien avec le « I am not a witch, I’am you », une présence chinoise d’abord sympathique puis inquiétante.

Amusant, tout d’abord, le quiproquo sur le prénom Yu qui signifie “ jade” en chinois : un sage taoïste à longue barbe dit « Je suis Yu » et son interlocuteur african-american croit entendre et comprendre « I’m you » comme dans le clip de O’Donnell, que l’on voit soudain apparaître dans le champ en sur-impression :

La dimension chinoise comme inquiétante se voit et s’entend dans un solide et impressionnant clip électoral des Républicains, un “cours professoral fiction” se situant en 2030 où un universitaire satanique genre Dr Fu Manchu raconte la décadence américaine qui aurait commencé vingt ans plus tôt à cause des plans Obama pour le sauvetage de l’économie et la réforme du système de santé ; cela aboutit dans un rire méprisant sur un couperet, « Et maintenant ils travaillent pour nous » :

Les Démocrates ont riposté avec une vidéo qui maintient les mêmes images et le même son mais détourne le sous-titrage de la “traduction”. La date est changée et la charge est retournée à l’envoyeur : nous sommes en 2010, pas en 2030, et s’il existe une dépendance par rapport à la Chine, ce sont les administrations républicaines qui en sont responsables et coupables.

Les deux présidences de “W”, de Dabelyou Bush, pendant huit ans, de 2001 à 2009, ont créé la situation exposée par le chinese professor à ses étudiants non pas dans vingt ans mais tout de suite. Ce sont elles qui ont engagé à ce point le dollar dans l’intrication avec la Chine, en le confiant si loin à son contrôle sous forme de bons du Trésor. Ce sont elles qui ont laissé à l’administration Obama un gouffre de dettes et des passifs gigantesques, pour financer deux guerres atroces, ruineuses (Irak, Afghanistan) et des bulles financières cocaïnées qui frisaient le suicidaire et obligèrent à des absurdités spectaculaires — sub-primes, immobilier, Lehman Brothers égorgé alors que AIG gracié, les sœurs siamoises obèses et diabétiques Fannie Mae et Freddie Mac re-surgavées de milliards, etc —, fricotant sans frontières avec les escroqueries privées, punies de centaines d’années de prison sur un vieux bouc certes puant mais émissaire — Madoff —, alors qu’en s’exécutant à bien plus grande échelle par l’aliénation et l’exploitation odieuses, de masses de pauvres, elles opéraient en toute légalité : non seulement assurées de l’impunité mais dûment, obscènement récompensées à coups de stock-options et de “parachutes dorés”.

Voici donc la vidéo de riposte, et son style élégant de détournement du clip précédent : elle consiste à ne retoucher que le sous-titrage. C’est un appel à ne pas redonner par le vote du 2 novembre 2010 les pleins pouvoirs aux responsables et coupables de la “dépendance de pendu” (vision quand même exagérée) par rapport à la Chine, et qui ont le culot maintenant de financer le clip Chinese professor attribuant leurs fautes… à Obama et aux Démocrates ! Et à la fin de l’envoi, cela touche sur quoi ? Sur la première phrase désormais “culte” — par anti-cuculte — du clip de la O’Donnell ! « I am not a witch. I’m you. » !

Le sous-titrage dit ceci : «Pékin, Chine, 2010 après J.-C.. On m’a dit que je parlerais devant des Latinos, mais vous m’avez l’air Asiatiques. Quelque chose d’excitant est en train de se produire de l’autre côté du Pacifique : ceux qui ont conduit l’économie américaine au bord du précipice pourraient être sur le point de reconquérir le pouvoir. Les sociétés multinationales avec lesquelles nous travaillons contribuent à financer la campagne en vue de leur victoire dans les élections. Les compagnies pétrolières, les compagnies d’assurances et les grandes banques veulent à nouveau dominer l’Amérique. Et ce sera formidable pour nous. Permettez-moi de terminer avec une nouvelle citation américaine qui est ma favorite en ce moment : “Je ne suis pas une sorcière, je suis vous”.»

Ce sera aussi ma conclusion, après avoir suivi le fil de cette thématique de la “witch” : quand l’Amérique est une sorcière, elle n’est pas moi ; certes elle ne l’est pas toujours ; mais ces temps-ci elle en joue trop souvent ; comment l’aider à ne pas glisser sur cette pente dangereuse ? Voici donc ce qui était le vrai but de tout mon article :

Un commentaire

  1. 85% des journalistes américains cotisent au parti démocrate. Donc presque tout ce que vous lisez dans les grands medias est du jus partisan, la plupart du temps déguisé en information « objective ».
    Grossissement de toutes les petites erreurs des républicains, celles des démocrates on n’en parle pas.
    Ces médias sont la source unique des journalistes français.
    Il n’y pas de vraie droite en France, du moins tant que le Tea Party la représenterait, avec les mots d’ordre qui sont le seul point d’accord d’une coalition très diverse : « moins d’impôts, moins de gouvernement, plus de liberté ». Mot d’ordre qui effare notre bon Dispot, mais qui n’a rien extrémiste (en tout cas ici, et comme toute la politique est relative…). Le tea Party force les républicains à revenir à leurs principes. Dispot considère sans doute Sarko comme un nazi. Toutes ses bavasseries sur l’extrême-droite relèvent d’un fantasme qu’il a trouvé dans les medias de gauche américains. Tous les clips anti O’Donnell qu’il affiche proviennent de journalistes, de professeurs, d’experts ou de satiristes d’extrême-gauche, surpayés et richissimes, des Besancenot des medias, anti-américains (sauf quand les USA se rapprochent de Castro, de Chavez, de Saddam, des Talibans, de l’Iran etc.) anticapitalistes, anti-Israël, etc.. . Laurent Dispot croit peut-etre que les républicains vont installer des caméras sous les lits, conjugaux ou non, et envoyer les pédés à Guantanamo. Son analyse des clips est deficient, il pourrait en dire autant de tous les clips politiques républicains ET démocrates, en ce moment. Il n’a clairement aucune idée de ce qui constitue une communication politique efficace aux USA.
    Pour les trucs sur la masturbation d’O’Donnell : dit dans les années 90 sur la chaine MTV.
    Pour ce que qu’elle a dit sur la séparation de l’Église et de l’État : c’est juste, pas inscrit comme tel dans la constitution.
    Ceci dit, il aurait été préférable qu’elle n’écrase pas son adversaire républicain, Mike Castle, dans les primaires, ça aurait donné une grand chance aux républicains d’avoir la majorité au Senat, en plus de la Chambre, qu’ils conquerront.