On connait désormais les quatre demi-finalistes de cette compétition!
Quel théâtre ! Après les italiens et les français, c’est au tour des brésiliens et des argentins de passer à la trappe. Ces quatre équipes, à elles-seules, ont gagné 12 des 18 coupes du monde, 5 pour le Brésil, 4 pour l’Italie, 2 pour l’argentine et 1 pour la France.

Pays-Bas/Uruguay d’un côté, Allemagne/Espagne de l’autre, voilà les demi-finales.
On le remarque de suite : Europe 3 – Amérique du Sud 1.
La domination du football européen saute au yeux.

Bon alors, ces quarts, comment c’était ?
Les Pays-Bas ont bien joué leur coup, le hold-up était parfait, face à un Brésil ne supportant pas la difficulté. Le Brésil a très vite mené, le but est annulé, mais les Pays-Bas sont inférieurs dans tous les secteurs du jeu, dont acte : un autre but arrive, cette fois valable, sur une passe géniale de Felipe Melo, qui sera expulsé, ce qui n’est pas un hasard. Celui qui fait le meilleur fait le pire.

Les Pays-Bas font ce qu’ils peuvent avec leurs armes, ils sont dépassés dans tous les secteurs du jeu, sauf un : l’envie de gagner. Et la balle finit par rentrer dans le but brésilien, sans qu’on puisse dire : les Pays-Bas ont marqué, disons plutôt que le Brésil s’est mis un but tout seul sous la pression des hollandais. Sur une mauvaise sortie de Julio Cesar, une mauvaise sortie, autant dire : une césarienne. On a attribué ce but à Sneijder, car il tirait le coup de pied arrêté. Ce but, il faut l’attribuer à l’envie collective de gagner, qui était si forte que même les brésiliens n’ont pas su y résister. Quant au deuxième but, partie de billard comique, et c’est un drame. On dira que le premier but était valable, ce qui, théoriquement, est vrai. On dira que les Pays-Bas ont eu de la chance. Et il en faut. On dira que ce n’est pas juste, moi le premier, qui suis un supporter invétéré du Brésil, et pourtant, c’est ça, la justice du football : la répartition tout juste aléatoire et carrément injuste du juste et de l’injuste. C’est ça, l’algorithme de la cruauté qui sépare mathématiquement la théorie et la pratique.

Prenons le Ghana, injustement éliminé ? Ça donne bien la mesure, le football, de l’écart entre un Idéal et sa réalité en tant que réalisé. Tout le monde souhaitait une victoire du Ghana, sauf les Uruguayens. Car on est en Afrique, et que ce serait plus logique, et que ce serait beau, et que ceci, et que cela. La triste réalité footballistique c’est que les joueurs ghanéens tirent très mal les penalties.

J’aimerais aussi préciser une chose : le Ghana ne représente en rien l’Afrique, qui est divisée au plus haut point. Aucun africain, en lui-même, ne représente l’Afrique en soi. Il peut décider de croire qu’il le fait. On peut décider de l’extérieur qu’ils représentent l’Afrique, qu’ils le veuillent ou non, mais ce ne sont que des fantasmes. Loin de moi l’idée ou l’envie d’en finir avec les fantasmes. Au contraire. On peut projeter tous les espoirs qu’on veut, mais à trop y croire, on tremble au moment des penalties face à l’équipe de foot de la Réalité Retreinte.
L’élimination des ghanéens est donc fantasmatiquement injuste mais réellement explicable dans la réalité restreinte du football : il fallait marquer un penalty de plus que son adversaire. Ce ne fut pas le cas. Au revoir et à bientôt.

Et que dire de l’Argentine, qui a essuyé l’une de ses défaites les plus cuisantes, face à une équipe d’Allemagne qu’ils ont laissé jouer comme à l’entraînement. Avec un Messi jouant dix fois trop bas !
Un Tevez courant dans le vide, une défense sans placement. Ce qui m’étonne toujours, dans le choix des entraineurs, c’est le manque d’audace tactique. Rien n’aurait pu déstabiliser autant l’Allemagne, par exemple, que la titularisation du Kun Aguero à la place de Messi et celle de Milito à la place de Tevez. Ce qui aurait fait le plus grand bien, j’en suis sûr, à cette équipe d’Argentine trop sûr d’elle.

Quant à l’Allemagne, qui est une équipe très instable, elle a fait preuve d’un jeu simple, direct, étonnamment facile. Mais je parie que l’Argentine l’y a beaucoup aidée. Soulignons l’extraordinaire polyvalence de tous les joueurs allemands, qui savent tous défendre, et qui savent tous attaquer.

Quant à l’Espagne, c’était limite, et je persiste à dire que sans Villa, elle ne s’en sortirait pas, car le milieu de terrain est très faible au niveau défensif, à commencer par Xabi Alonso, qui ne remplacera jamais Senna. Le Paraguay, à deux doigts de l’exploit, a manqué de réalisme. Cardozo, qui a raté son penalty, était inconsolable. C’est cela, le football. Plus on est proche de gagner, plus on en est loin. Il y a une sorte de paradoxe de ce type, au football. Il faut savoir se tenir loin de la victoire pour la remporter au moment voulu.
Il est évident que l’Uruguay et les Pays-Bas présentent le football le moins intéressant.
Mais ça n’a jamais empêché personne de gagner une coupe du monde.
Rappelez-vous aussi que dans le combat à distance entre l’ Amérique du Sud et l’Europe, c’est l’égalité parfaite, 9 coupes du monde chacun. Nous savons déjà que l’un des deux continents va bientôt prendre une longueur d’avance.

2 Commentaires

  1. Une vraie cruauté, en effet.
    Ce n’est pas une coupe juste.
    C’est la coupe de l’efficacité.

    • cher sam,

      aucune coupe n’est juste, chacun taillant dans la masse de son goût et/ou de son snobisme.
      A la base, tout est possible, il fallait bien en finir avec l’infini, en inventant la politique, l’aliénation, l’éthique, etc.
      non?
      Nzo