D’un coté, Pirlo, éliminé par sa propre absence.
De l’autre, David Villa, le solitaire décisif.

Dans le Match Italie-Slovaquie, Pirlo est entré à la 74e minute. Avant la 74e minute, ce n’était pas un match de foot, et puis soudain, depuis l’entrée de Pirlo à la 74e minute, c’est un match de foot. Voilà ce qui manquait à cette équipe d’Italie sans idées et sans fantaisies, avant la 74è minute. Il manquait l’artiste, ce petit duende de Pirlo, élégant et malin, tournant autour des joueurs slovaques comme un toréador.

Là où David Villa est audacieux, Pirlo est espiègle. Pirlo n’a rien d’un provocateur, on a toujours l’impression qu’on va lui prendre la balle facilement, tellement il est nonchalant. Tout le contraire de David Villa, qui fonce comme un Quichotte techniquement équipé, qui y croit, et dont c’est la force. Pirlo, lui, il n’y croit pas, Pirlo, ce n’est pas Quichotte, c’est plutôt les moulins à vent. Pirlo pose la question de l’illusion d’optique. David Villa est une science exacte s’acharnant à le prouver.

Si l’Espagne est en quart de finale, elle le doit à un groupe solide et talentueux, mais surtout à David Villa, porte-génie de ce groupe. Depuis le Match contre le Honduras, on ne voit plus que lui sur le terrain, jeton rouge sur ce tapis vert, vif et ondulant. C’est comme si Iniesta et Xavi lui avaient passé le relais. Le voilà avec les qualités de ces deux-là, en plus des siennes.

Pirlo, on voit plutôt qu’il n’est pas là, on le voit même plus quand il n’est pas là. Quand il est là, ça change tout, mais il s’efface dans sa propre nonchalance.

Contrairement à Pirlo, le génie de David Villa n’est pas affublé de l’élégance du chat, mais plutôt de la rapidité et de l’audace de la Hyène.
Dès qu’il touche la balle, il sait quoi faire. Il le sait avant même de toucher la balle. Il provoque l’adversaire dans des diagonales. Il tente le coup, il prend tous les risques. Il n’attend pas l’erreur du défenseur, il la provoque. Il ne cherche pas le trou, il le creuse.

Pirlo, on dirait qu’il ne sait pas ce qu’il va faire du ballon, que tout dépend du comportement de l’autre, qu’il s’adapte, qu’il attend la faute pour s’y engouffrer, qu’il fait toujours confiance à son adversaire pour être un peu plus nerveux que lui. Et tout moment de crispation, en face de Pirlo, vous est fatal.

D’un côté, David Villa, provocateur désinhibé, sorte de Jacques Mesrine du ballon rond, roi du Hold-Up.
De l’autre Pirlo, trompeur d’œil et de pied, dans le style chat persan, entre Nabokov et Houdini.

2 Commentaires

  1. 56e pour être exact…
    Mais vous savez, je ne suis pas vraiment un journaliste, gardez ça pour vous…
    74e me paraissait plus dramatique et plus sonore…
    A plus tard.
    Nunzio d’A.