Quelle faute de la part du gouvernement Netanyahou ! La malheureuse intervention israélienne de la semaine dernière contre la flotille « humanitaire » a brouillé aux yeux de l’opinion mondiale les enjeux réels de la crise qui s’annonce. En cette veille d’été, le Moyen-Orient ressemble à une forêt de pins en pleine canicule. La moindre étincelle peut l’embraser. Pourtant l’incendie qui se prépare n’aura pas pour enjeu la création, ô combien souhaitable, d’un Etat palestinien à côté d’Israël mais la survie voire le renforcement du régime dictatorial installé en Iran depuis 1979. Attention à l’effet de loupe médiatique sur le bateau Marmara !

Le vrai fauteur de guerre ne se trouve pas à Tel-Aviv mais à Téhéran. Un fou de Dieu, un fou de guerre, un fou de la mort. Human Bomb en costume présidentiel taillé dans la fraude. Un gangster pour Opéra de quatre sous. Tel le méchant d’un dessin animé, mal habillé et mal rasé, Ahmadinejad court à perdre haleine, poursuivi par son peuple, assoiffé de liberté. Pour échapper à leur courroux, il entraine ses poursuivants vers un précipice. Contre sa poitrine, il serre son magot : des sacs d’uranium enrichi, destinés à fabriquer l’arme atomique.

Devant le précipice, les gendarmes du monde se grattent la tête. Ils ne savent pas comment arrêter le forcené. Refusant la main tendue par le pacifique président Obama, Ahmadinejad est parvenu à unir contre lui non seulement Israël et les Occidentaux mais les pays arabes puis la Russie et la Chine, jusqu’alors bienveillantes à l’égard de la République islamique d’Iran, qui se sont décidés à la sanctionner au Conseil de sécurité de l’ONU. Malgré  les Trois mages Chavez, Lula, et Erdogan, volant au secours de l’Iran pour s’imposer à la table des Grands, la République islamique n’a jamais été aussi isolée. Son « président » frauduleusement réélu s’en inquiète-t-il ? Au contraire. Il se frotte les mains. Car si Ahmadinejad accélère – ou fait mine d’accélérer – la course à la bombe, c’est avec le fol espoir de détourner le peuple iranien de sa course éperdue à la démocratie.

L’ESPOIR DEMOCRATIQUE

Tout a commencé il y a très exactement un an au lendemain de l’élection présidentielle du 12 juin 2009. « Where is my vote ? » criaient les Iraniens descendus par millions dans les rues, indignés par les fraudes massives.  Depuis un an, la répression a causé plusieurs dizaines de morts et plus de 5000 arrestations. Elle a permis au régime de reprendre (pour combien de temps ?) le contrôle de la rue. Mais la contestation chemine discrètement dans les profondeurs de la société iranienne, elle s’insinue au cœur du régime et jusqu’au sommet d’une hiérarchie religieuse soucieuse de sauver l’islam du naufrage où l’entrainent ceux qui tuent, violent et torturent au nom de Dieu. Ce qui se passe en Iran est considérable ! Nous assistons dans ce grand pays musulman du Moyen-Orient à l’émergence d’une société civile se réclamant notamment des valeurs universelles des droits de l’homme, de l’égalité des sexes, de la séparation du politique et du religieux. Quel espoir pour les amoureux de la liberté et tous ceux qui refusent le « choc des civilisations ». Mais attention ! Les actuels dirigeants iraniens sont prêts à tout pour sauver leur pouvoir. Et le « Printemps de Téhéran » peut tourner au film catastrophe. Quelle sera l’étincelle ? Un incident entre soldats israéliens et Gardiens de la Révolution iraniens s’aventurant au large de Gaza pour escorter une nouvelle flotille « humanitaire » ? Ou alors le vote par le Conseil de Sécurité de l’ONU de nouvelles sanctions contre le programme nucléaire militaire iranien ?  Ahmadinejad est à l’affût du moindre prétexte. On sait déjà qu’en représailles, il pourrait bloquer le détroit d’Ormuz qui relie le Golfe persique au Golfe d’Oman, coupant ainsi brutalement la route du pétrole. Pour sauver les économies occidentales en péril, la flotte américaine dégagerait alors par la force le détroit d’Ormuz. Provocations et représailles se succèderaient de l’Afghanistan à Gaza, partout où la république islamique entretient depuis longtemps les braises du terrorisme. Un scénario catastrophe pour les Iraniens et pour tous ceux qui dans le monde aspirent à la paix et à la liberté ! Un scénario de rêve pour Ahmadinejad, nostalgique de la guerre Iran-Irak où il fit ses classes, terrible boucherie durant laquelle la jeunesse iranienne fut envoyée au martyre. Ah ! la guerre. Elle enterrerait l’espoir démocratique. Et au moins pour un temps, elle sauverait le régime.  C’est le scénario noir. Mais il existe aussi un scénario vert. Au bord du gouffre, des dirigeants iraniens, parmi les plus lucides, tendraient la main à ceux qui aujourd’hui à l’extérieur du pays sont en train de réunir les forces éparses de l’opposition. Qu’ils soient issus du régime islamique ou qu’ils l’aient toujours combattu, ils se retrouvent aujourd’hui autour du projet d’une démocratie laïque et réconciliée avec le monde.  Entre la course à la guerre et l’espoir démocratique, l’Iran avance tel un funambule. Et le monde retient son souffle. Il doit à la fois contenir les ambitions militaires du régime islamique et soutenir le peuple dans son combat démocratique. Tel est le dilemme iranien.

Michel Taubmann  journaliste et auteur entre autres de : La Bombe et le Coran, une biographie du président Ahmadinejad (éditions du Moment) et de « Histoire secrète de la révolution iranienne » avec Ramin Parham (éd. Denoël).

Michel_Taubmann
Michel Taubmann

4 Commentaires

  1. le premier commentaire ne devrait pas rester sur le site de le Règle du jeu..
    1) qui sont « les détendeurs du réel pouvoir de l’information », selon l’auteur de ce commentaire?
    2) quels sont ces « gênes qui ne vous permettent pas de concevoir qu’une nation musulmane puisse un jour égaler votre puissance »?
    modérateur, s’il vous plait, modérez!

  2. J’ai lu votre article avec beaucoup d’intérêts en ce sens que, d’un côté vous faites référence à votre soit disant idéal (paix démocratie etc..) que le régime d’Iran et d’ ailleurs sont de loin l’idéal pour leur peuple.

    Vous critiquez comme le reste des occidentaux le fait que l’Iran veut se doter de l’arme nucléaire,où étiez vous pendant qu’Israel et bien d’autres nations se préparaient à contruire ces centrales nucléaires?
    Ou à la limite de la descence, critiquez aussi Israel qui en possède et avec la bénédiction du reste du monde,par honnêteté intelectuelle faites en allusions.
    Vous ne pouvez le faire pour plusieures raisons, l’une vous serez contraints à changer de métier et à oublier votre journalisme par les détendeurs du réel pouvoir de l’informations, l’autre raison réside dans vos gênes qui ne vous permettent pas de concevoir qu’une nation musulmane puisse un jour égaler votre puissance.
    Au fait c’est un problème de relegion dites le, vous parlez de GAZA qu’avez vous écrit pendant les massacres
    d’Israel, qu’avez vous autant que journaliste commenter la mort d’enfants innocents, de maisons détruites, de l’apocalypse, de la faim des familles, du froid , de la misère au quotidien des Palestiniens et autres peuples.
    Je pense rien, j’aurai été un intellectuel de votre trempe, par pudeur je m’aurai tue.

  3. Qu’aurait-il fait hier le peuple sans pouvoir, à 8h47, alors qu’Armin Arefi nous adressait son dernier message, que la nuit, disait-il, était tombée sur l’Iran et les «Allah Akbar (Dieu est le plus grand)» reprenaient de plus belle sur les toits, si par extraordinaire, Friedrich Nietzsche avait grimpé à l’un de leurs appels qu’on lui traduisait par « démocratiques », en criant son fameux «Gott ist tot»? Dieu est effectivement plus grand que le Tyran de Téhéran, mais sera-t-Il assez grand pour se montrer indulgent à l’égard de celui qui, dans les rangs de l’opposition, s’opposera à Lui?

  4. C’est un énième rabâchage…Du lu et relu ! On commence à le savoir , le président Iranien n’est pas gentil ! Ali Khamenei actuel guide suprême Iranien a un pouvoir bien plus étendu que le président . Il a la main mise sur toutes les mosquées du pays , les milices bassidjs , les médias publiques , la justice, les gardiens de la révolution , le nucléaire ….Tous les ministres sont « surveillés par un représentant du guide suprême. Rien ne se fait sans son accord . Et curieusement personne n’en parle ! Le mec a un pouvoir presque totale sur la vie politique et religieuse de son pays et aucune personne ne le critique ! C’est étrange quand même … !C’est étrange ou pas ! Parce que il se dit que l’opposition au président iranien n’est pas prête pour une démocratie , un changement radicale de régime donc de chasser les mollahs de la vie politique de leur pays . D’ailleurs l’adversaire d’’Ahmadinejad lors des dernières élections présidentielles sortaient du même sérail …Ce n’était pas le méchant Ahmadinejad contre le gentil démocrate Moussavi….Non c’était kif kif et bourricot !Tant que les Iraniens ne foutront pas dehors les barbus intégristes , nous verront toujours des Ahmadinejad présider l’Iran .