J’apprends, à Tel-Aviv, la calamiteuse opération d’arraisonnement menée par des unités de Tsahal contre les six bateaux partis de Turquie et qui prétendaient forcer le blocus de Gaza.

Je n’ai, à l’heure où j’écris, et comme tout le monde, que très peu d’informations sur ce qui s’est réellement passé. Et je suis sûr que l’on ne tardera pas à apprendre que cette « flottille humanitaire » n’avait d’humanitaire que le nom ; que l’on jouait sur les signes, les symboles, bref, le coup médiatique, plus que sur la misère d’un peuple ; et que la branche turque des Frères musulmans, voire tel parti de gouvernement en Turquie, à l’origine de cette provocation, avaient de bonnes raisons de refuser, comme cela a été proposé, de faire escale au port israélien d’Ashdod afin que soit vérifié le contenu réel des cales des navires.

N’empêche. Je suis sûr, également, que le Tsahal que je connais, le Tsahal économe en vies humaines et adepte de la pureté des armes, cette armée non seulement ultra-sophistiquée mais profondément démocratique dont j’ai salué maintes fois la conduite en temps de guerre, avait d’autres moyens d’agir qu’en déclenchant ce bain de sang. Et aurais-je eu une hésitation, une seule, quant à l’opportunité d’une vigilance redoublée des amis d’Israël, me serait-il resté un doute, un seul, quant à l’importance de ce désormais fameux JCall et de la disjonction qu’il permet d’opérer entre le soutien sans faille à Israël et la critique, nécessaire, des mauvaises actions d’un mauvais gouvernement, que cette initiative à la fois sotte, irresponsable, criminelle et, pour Israël lui-même, désastreuse, aurait fini de régler la question.

Deuil. Colère. Tristesse, aussi, face à cette tentation que je connais bien chez certains dirigeants d’Israël et qui consiste à se croire seuls au monde, de toute façon réprouvés, et d’agir en conséquence. L’autisme n’est pas une politique. Ni, encore moins, une stratégie. Il convient que cela soit dit. Et avec force.