Un fait frappant, pour qui s’est rendu à Naples ces derniers jours: la bataille électorale pour le scrutin régional fait rage. Chez eux aussi… Et plus que chez nous.

Jusqu’à ce dimanche 28 mars, les voitures arboreront  des affiches en l’honneur des candidats, se multiplieront meetings, réunions improvisées dans les cafés, où les politiciens entourés de leur suite donnent des entretiens.

Rien que de très normal.

Mais un fait diffère, en Italie: les élections sont mises sous le signe de l’Amour. Retour étrange d’André Breton, influence de l’Eros omniprésent du Président du Conseil, on ne sait. Ce dernier ne déclarait-il pas, en octobre dernier, à Sofia: « La cosa migliore è essere amati e io faccio di tutto per essere amato, non solo dai media ma da tutti. Io sono troppo buono e giusto e vorrei che me lo riconoscessero ».

Rien d’étonnant donc à ce qu’Alessandra Mussolini, candidate du Popolo della Libertà, définisse son engagement pour Naples de la façon suivante: « per amore »… Son image affriolante sur les affiches ne peut dès lors produire qu’un effet boeuf, comme celle des nombreuses belles personnes que présente le parti au pouvoir.

L’opposition a considérablement critiqué Silvio Berlusconi pour choisir des candidates à l’aspect agréable, envoyant notamment au Parlement européen des mannequins et actrices. Evidemment, il est possible d’interpréter ces choix en y voyant une préférence personnelle du Cavaliere, sur le thème: qu’a-t-il donc fait avec elles?

Mais c’est bien court. En fait, il semble que, dans la « Videocracy », qu’est la démocratie moderne italienne, l’hôte du Palais Chigi ait compris l’importance toute particulière de l’image et de la nécessité de faire du politique un éclatant objet de désir. Cela passe par le caractère spectaculaire de son exercice du pouvoir, cela passe par le choix des candidates -et non par le contenu: le changement serait-il impossible?

Et le Partito Democratico s’est emparé de ce désir, en inscrivant sur l’affiche de ses candidats: « per essere amato ». Non plus pour que le chef de l’exécutif soit lui-même l’objet de l’amour auquel il aspire, mais les citoyens, afin qu’ils expriment par leur vote que, ce qui importe le plus, n’est pas le fantasme pour les dirigeants, mais la sollicitude du gouvernement au peuple qui l’a élu.

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